Lumière d'Afrique Pour un cinéma du réel africain
En sept ans d'existence, le programme Africadoc pour le développement du cinéma documentaire africain, initié par l'association Ardèche Image, basée à Lussas, a accompagné de nombreux projets jusqu'à leur diffusion. Mais pour mieux soutenir ces «films singuliers», il a lancé Lumière d'Afrique, une collection de DVD dont le premier coffret est sorti en janvier 2010 et qui cherche à s'imposer comme un véritable «label» de production. «La mise en scène des représentations du réel par le cinéma documentaire est plus que jamais un enjeu esthétique, politique et économique majeur», estiment les responsables de ce programme destiné aux pays d'Afrique de l'Ouest, d'Afrique centrale et d'Afrique lusophone. Pour eux, «permettre aux jeunes générations de cinéastes du Sud de nous donner des nouvelles documentaires de leurs réels est une impérieuse nécessité».Mettre le pied à l'étrier aux professionnels du documentaireAfricadoc tente, ainsi, de répondre à la demande récurrente des auteurs, réalisateurs et producteurs du Sud, à savoir respecter l'«authenticité culturelle du projet africain», qui, en échange du soutien financier apporté, portait jusqu'ici encore trop souvent la marque des scénaristes occidentaux. De ce point de vue -- et le fait mérite d'être souligné --, l'objectif semble atteint. Les dix films de cette collection, adaptés au format télé (52'), sont non seulement de qualité mais leurs thèmes, variés, nous font découvrir autant de facettes des réalités de l'Afrique d'aujourd'hui (v. l'article Dix films originaux et attachants).Depuis dix ans, l'arrivée sur le marché des nouveaux outils numériques a permis aux producteurs et réalisateurs du Sud d'acheter leur propre matériel pour tourner et monter leurs films. C'est pourquoi les efforts d'Africadoc ont plutôt porté sur la rédaction d'une Charte de coproduction équitable Nord-Sud qui garantit, notamment, aux réalisateurs engagés dans ce programme des contrats d'auteur, d'écriture et de réalisation dignes de ce nom. De plus, le programme s'est doté d'un ensemble de dispositifs destinés à mettre le pied à l'étrier aux professionnels du documentaire.Des formations de haut niveau dans des résidences d'écritureLes jeunes auteurs réalisateurs de la collection Lumière d'Afrique ont tous bénéficié d'une formation de haut niveau dans les résidences d'écriture d'Africadoc. Ils ont, ensuite, été mis en relation avec des producteurs indépendants africains. Ensemble, lors des Rencontres Tënk, qui ont lieu depuis 2002 à Saint-Louis du Sénégal, ils ont présenté leurs projets à des coproducteurs et à des diffuseurs européens, eux-mêmes soutenus par le réseau des Télévisions locales de service public (TLSP). Chaque année, dix nouveaux films issus de ces résidences d'écriture et des rencontres Tënk seront, ainsi, accompagnés par des producteurs et diffuseurs africains et européens. Last but not least, lors des 7e rencontres du documentaire africain en juillet 2009 (le Louma, qui regroupe une fois par an les professionnels à Saint-Louis), un colloque ayant pour thème le Cinéma du réel africain, coordonné par François Fronty, cinéaste et enseignant du cinéma, a permis d'élaborer un corpus de textes de référence désormais accessibles sur le site africadoc.net. Les prochaines résidences d'écriture d'Africadoc auront lieu à Bamako (Mali) du 30 mars au 20 avril 2010, et à Lomé (Togo) du 12 avril au 2 mai. Une autre session, consacrée au long métrage, est prévue à Saint-Louis (Sénégal) du 30 novembre au 12 décembre. Cette ville accueille, également, depuis fin octobre 2009, et pour la troisième année consécutive, huit étudiants originaires du Burkina Faso, du Cameroun, du Mali, du Niger et du Sénégal qui suivent les cours du Master 2 en «Réalisation documentaire de création».A. D.
29-03-2010
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