Semaine du film Turc à Alger: Des films, une expérience et des perspectives
Publier le 28.03.10
Film Turc à Alger – Une semaine durant, le public algérien a eu à découvrir le cinéma turc à travers dix-huit productions, représentatives d’une vivacité et d’un dynamisme cinématographiques, dus à l’émergence d’une génération de jeunes créateurs, qui essaient (et réussissent) à filmer les contradictions de la société turque, créant par la même du divertissement.
De la comédie au drame, en passant par le thriller et la romance historique, cette semaine, organisée à Ibn Zeydoun, par l’ambassade de Turquie en Algérie sous le patronage du ministère de la Culture algérien et avec le soutien de l’Office de Riadh El Feth, a été riche en découvertes. Car le cinéma est une autopsie à la fois de l’âme humaine et de la société.
Après la projection à l’inauguration du blockbuster Mon père et mon fils de Çagan Irmak (en sa présence), qui a fait pleurer toute la salle, les spectateurs ont apprécié des films qui reflètent les questionnements de toute une génération de cinéastes, qui s’inscrivent dans le cinéma d’auteur ou le commercial, notamment de Nuri Bilge Ceylan, Yusuf Kurçenli ou encore Atif Yilmaz et Reha Erdem.
Çagan Irmak dont les réalisations, notamment Mon père et mon fils, oscillent entre le cinéma commercial et le cinéma d’auteur, représente un équilibre entre les deux tendances, et prouve que les deux tendances peuvent se fondre sans se confondre. Nuri Bilge Ceylan qui s’inscrit de son côté, dans le cinéma d’auteur, a fait son cinéma à Alger, avec la projection de trois de ses emblématiques productions : Kasaba, le petit chef-d’œuvre Nuages de mai et Lointain. Ceylan, devenu le plus représentatif du cinéma turc dans le monde, démarre de ses propres caractéristiques, de ce qu’il connaît déjà pour le transcender et se laisser dépasser par la création. Lors de son passage par Alger, l’écrivain haïtien, Lyonel Trouillot, a déclaré que “l’universel n’existe pas”.
Le créateur démarre toujours du local et décrit ce qu’il connaît déjà. Après, les critiques qui aiment bien caser et cataloguer les œuvres de création, font des parallèles et classent une œuvre comme étant universel. Nuri Bilge Ceylan démarre lui aussi du local, mais il y a une sensibilité “universelle” dans son œuvre. Car l’homme est le même ; il a des faiblesses et aspire toujours à être meilleur. Le mal est en lui, tout comme le bien, mais la vie lui joue des tours.C’est un peu ce qui est arrivé à Mustafa, le héros du long-métrage Toutes les choses sur Mustafa de Çagan Irmak. Dans Lettres non envoyées de Yusuf Kurçenli, la “sultane” du cinéma turc – qui s’est essayé à la réalisation elle aussi – Türkan Soray a brillé dans ce drame romantique qui dit l’échec d’un amour si fort à cause des convenances et de la brutalité de l’existence.
Coproduction avec l’Algérie : chimère ou perspective ?En marge de cet évènement, une rencontre entre Çagan Irmak et les membres de l’Association des femmes de l’audiovisuel a été organisée pour un débat autour des perspectives de partenariat et de coproduction entre les deux pays. Même si la coproduction est un excellent moyen de faire du cinéma – c’est d’ailleurs ce qui a “sauvé” le cinéaste Reha Erdem – il y a lieu de signaler que le cinéma turc s’appuie sur le fond de soutien Eurimages du Conseil de l’Europe, sur le Bureau général du cinéma et des droits d’auteurs, créé en 2005 par le ministère de la Culture et du Tourisme turc, et sur des financements indépendants. Les partenaires privés en Algérie boudent le cinéma, qui dans l’imaginaire de tous, coûte beaucoup d’argent et demande beaucoup de moyens.
Le cinéma turc a un parcours périlleux, mais il a aussi une histoire qui date de 1911, année de la sortie du premier film turc. La Turquie dispose de centaines de salles de cinéma, alors qu’en Algérie, ils sont une dizaine sur plus de deux millions de kilomètres carrés. Il serait éventuellement intéressant de profiter de l’expérience turque pour (re)lancer, effectivement et réellement, le cinéma algérien.
-Aujourd’hui à 14h, projection de Troisième Page de Zeki Demirkubuz ; à 17h, projection de Toutes les choses sur Mustafa de Çagan Irmak ; à 19h30, projection de Mon père et mon fils de Çagan Irmak.
source: Liberte
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