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Tuesday, January 12, 2010

Yennayer le nouvel an Amazigh



Yennayer le nouvel an Amazigh: Une tradition haute en symbole
Algérie – En continuant à célébrer Yennayer, les Bouiris perpétuent une grande et ancestrale tradition, et enseignent l’histoire aux générations nouvelles.
Chaque année et depuis des lustres, la communauté algérienne célèbre Yennayer. La wilaya de Bouira avec sa composante multilinguistique fait la fête différemment d’une région à une autre. Le 12 janvier de l’an 2010 de l’ère chrétienne correspond au 1er Yennayer 2960 de l’an amazigh. Depuis une semaine, les populations de la région d’expression berbérophone, de la wilaya, à l’instar du pays et de toutes les communautés berbères du Maghreb, se sont préparées à accueillir le Nouvel An berbère.
Pour la circonstance, et depuis des décennies, les comités des villages s’attellent à faire des quêtes pour acquérir des bovins qui seront sacrifiés la veille et répartis équitablement entre les habitants. Cette action désignée par «thimechret» n’est pas un rituel spécifique au Nouvel An, mais reste une manière d’affermir les liens entre les villageois et consolider les relations que le modernisme tend à effacer. S’agissant des caractéristiques de la journée, les familles préparent un grand dîner «imensi n Yennayer», qui se traduit généralement par la préparation d’un couscous avec du poulet. Le mets principal reste le couscous de blé. L’utilisation de la semoule d’orge est, ce jour-là, bannie, elle qui constitue en temps normal le repas du pauvre.
Le couscous est préparé avec une sauce à base de légumes secs. D’une région à une autre les explications sont différentes quant au choix de la volaille. Certains préfèrent le coq qui symbolise la naissance de la lumière (le lever du jour), d’autres, la poule et ses oeufs qui incarnent la fécondité et par conséquent l’abondance. Dans la préparation des autres mets qui accompagnent le couscous, les femmes servent aux enfants, le matin du 12 janvier (tasebhit n yennayer) «uftiyen» ou «isrecmen», un mélange de céréales entières. Selon les moyens, on complète le plat par un mélange de fruits secs (inighmen) servis en abondance aux présents. La tradition exige que l’on ne vide pas les plats, ce qui signifie que l’on ne doit pas avoir faim. L’occasion est saisie pour réunir la grande famille «adhroum» autour de ce plat. La rencontre permet aussi de dissiper les malentendus, de régler les conflits pour permettre à tout le monde de commencer l’année sur de bonnes bases. Aux heures des prières, les croyants accomplissent leur devoir.
La date est aussi et surtout une occasion des retrouvailles pour la gent féminine. Les femmes sortent rarement et ne se rendent visite que conjoncturellement lors des mariages, des décès ou autres fêtes familiales. En optant pour une commémoration collective, les villageois offrent une opportunité aux femmes de se rencontrer. Plusieurs mariages sont scellés en pareille circonstance.
Le dîner est suivi par des rites qui présagent des jours à venir. Dans la soirée, les femmes déposent sur le toit des maisons quatre coupelles en terre remplies de sel représentant chacune les mois de Yennayer, «furar, me ires et yebrir» (février, mars, avril). Au matin de la journée de Yennayer, le niveau d’humidité du sel annonce un mois arrosé ou non surtout que la vie en campagne est sujette aux aléas de la météo. Même si partout la cuisinière a pris la place, on renouvelle son «qanun»; la découverte d’un ver blanc sous les pierres ramassées pour le trépied du four, laisse entrevoir la naissance d’un garçon, une herbe verte signifie une moisson abondante, les fourmis symbolisent l’augmentation du bétail…Dans la même journée de «amenzu n Yennayer» (le premier jour de l’an), sont proposées «lesfendj» ou «lemsmmen». Une pâte qui gonfle ou qui s’étend facilement annonce forcément une année riche et généreuse. Plus à l’ouest et au sud de la wilaya, où résident les entités arabophones, la célébration tend à se généraliser ces derniers temps. Là aussi, les festivités se limitent à l’art culinaire. En plus du couscous, beaucoup préparent des crêpes «baghrir», le «rfiss», «chakhchoukha» et d’autres plats traditionnels. Cette tendance et cet engouement pour le traditionnel se veut un respect du caractère ancestral de cette date.
En continuant à célébrer Yennayer, les Bouiris perpétuent une grande et ancestrale tradition, et enseignent l’histoire aux générations nouvelles. Tous ces éléments plus ou moins perpétués ou simplement conservés dans les récits témoignent du caractère agraire du calendrier berbère.
source: Lexpression

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