Coup de projecteur sur le 7ème art algérien
Marseille, la ville française la plus proche et la plus intime d'Alger, est l'hôte depuis ce mardi de " Cinéma (s) d'Algérie ", un rendez-vous exceptionnel puisque rendant visible durant cinq jours une grande partie des productions cinématographiques algériennes. La fête qui est initiée par l'association Aflam mettra en scène un panorama du 7e art sur la production filmique nationale, à travers une quarantaine de longs métrages et autant de documentaires reflétant les œuvres cultes qui ont fait l'âge d'or du cinéma algérien. Signés ici et ailleurs par des réalisateurs de chez nous, les films qui seront vus évoquent des époques, des positions politiques toujours en phase avec les directives du pouvoir, ou alors de simples paysages pas très engageants. Après la Tunisie, la Syrie, le Maroc et la Palestine ces dernières années, Aflam, qui signifie "films" en arabe, a décidé de se pencher sur le cinéma algérien, depuis ses origines très nationalistes, dans le maquis FLN en 1958, aux dernières réalisations de plus en plus sociales, en passant par l'explosion créatrice des années 70 et l'effondrement de cette industrie pendant les années de terrorisme, explique sa programmatrice, Solange Poulet. En ouverture, hier mardi, le réalisateur Merzak Allouache devait présenter en avant-première son dernier film, "Harragas", qui conte l'odyssée clandestine de jeunes algériens traversant la Méditerranée pour atteindre l'"eldorado" européen. Il était suivi de la projection de sa première réalisation, "Omar Gatlato" (1976), qui montrait les difficultés de la jeunesse algérienne à travers les yeux d'un Algérois se contentant de rêver en écoutant des chansons chaâbies et en regardant des films hindous. Parmi les autres films qui seront diffusés figurent "La citadelle" de Mohamed Chouikh, "Hassan Terro" (1968) de Mohamed Lakhdar Hamina, "Les folles années du Twist" (1983) de Mahmoud Zemmouri et, pour les plus récents, "Inland" de Tariq Teguia", "La Chine est encore loin" (2008) de Malek Bensmaïl, qui n'est pas encore sorti en France, ou la comédie "Mascarades" (2007) de Lyes Salem. La manifestation, accueillie par le cinéma Les Variétés à Marseille, essaime dans toute la région de Marseille, avec des projections dans plusieurs villes de Provence ou des Alpes.Créée en 2000, avec le souci de donner une visibilité et un espace à des cinématographies du monde arabe et de la diaspora, peu connues à Marseille et en région, Aflam organise régulièrement des événements, des projections spéciales et des cycles par pays. Après la Tunisie (2005), la Syrie (2006) le Maroc (2007) et la Palestine (2008), c'est au tour de l'Algérie de bénéficier d'un coup de projecteur. Des années 70 marquées par la campagne pour la réforme agraire, où nombre de cinéastes se pencheront sur le monde rural, il sera possible de voir ou revoir, " Noua " de Abdelaziz Tolbi. Au début des années 70 ensuite, l'inclassable " Tahia ya Didou " de Mohamed Zinet.Tourné dans le tumulte de la guerre civile libanaise, " Nahla " de Farouk Beloufa clôt une décennie de grands espoirs pour le cinéma algérien. Mais le cinéma reste totalement tributaire de la manne de l'État, lui-même lourdement endetté. Réalisés au tournant des années 80 et plus rarement montrés, " Combien je vous aime " de Azzeddine Meddour interroge les archives de la colonisation, pendant que " Les enfants du vent " de Brahim Tsaki observe avec tendresse les jeux de l'enfance dans un village algérien. A leur suite, les programmateurs ont retenu " Les Sacrifiés " d'Okacha Touita, " La Rose des sables " et " Touchia " de Rachid Benhadj, " La Citadelle " et " L'Arche du désert " de Mohamed Chouikh, " Bab el-Oued City " de Merzak Allouache, " La Colline oubliée" de Abderrahmane Bouguermouh et La Montagne de Baya de Azzeddine Meddour. A la fin de la décennie 90, de réorganisations en restructurations, les trois entreprises de l'audiovisuel public, à l'exception de la télévision, ont tout simplement été dissoutes. Plus près de nous, " Le Harem de Mme Osmane " de Nadir Moknèche, " Beur, blanc, rouge " de Mahmoud Zemmouri, " Bled Number One " et " Dernier maquis " de Rabah Ameur Zaimeche, " Mascarades " de Lyes Salem, " Inland " de Tariq Teguia. Rebouh H.
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