Ancienne Médina
Enfin une tentative de réhabilitation
La préfecture de Casa-Anfa a réuni tous les acteurs civils et publics pour un projet de réaménagement global
Après des années de marginalisation, de délabrement et d'insouciance, l'Ancienne Médina de Casablanca pourrait enfin avoir un nouveau visage. La préfecture des arrondissements Casa-Anfa a décidé de ressusciter cette partie de la métropole chargée d'histoire.
Pour ce faire, elle a appelé les protagonistes concernés à réfléchir sur un réel projet de réhabilitation de l'ancienne médina. Ainsi, l'Agence urbaine de Casablanca (AUC), la Chambre de commerce, d'industrie et des services (CCISC) et l'Association Al Irfane ont commencé par la recension des différents maux de la région. Selon un diagnostic établi par l'AUC, la Médina traditionnelle souffre d'une profonde dégradation due essentiellement à l'entassement de la population. «La densité moyenne de cette zone de la ville est de 1000 hab/ha alors qu'à l'est et au centre elle arrive jusqu'à 3000 hab/ ha», indique un document de l'AUC. Dans les rues étroites et sinueuses de l'ancienne médina, on trouve plus 108.934 habitants, dont 51% sont âgés entre 25 et 59 ans, d'après les statistiques de l'association Al Irfane. La région compte également 25.031 ménages. 20% de ces derniers n'ont pas d'eau, 6% ne disposent pas d'électricité et 6,6% ne sont pas raccordés au réseau d'assainissement. Pis, le taux de chômage à l'Ancienne Médina atteint les 63% et le taux d'analphabétisme est estimé à 31%. Un constat alarmant pour la capitale économique. Face à cette situation, Al Irfane qui a diagnostiqué l'Ancienne Médina comme un quartier sous développé et à cohésion sociale très fragile, propose d'instaurer une politique sociale de proximité basée sur des projets concrets et facilement réalisables. Cette stratégie permettrait d'orienter le quartier vers une nouvelle dynamique de changement permettant une meilleure transformation sociale. Dans ce cadre, l'association a proposé de déterminer les problématiques du quartier en concertation avec la population et l'Autorité locales avant de mettre en place le plan de travail. De manière plus concrète, Al Irfane veut attirer l'attention sur des problèmes liés à l'environnement, l'absence d'équipements socioculturels, l'augmentation de la délinquance, le manque de compétences des ressources humaines et aussi d'encadrement au niveau social et sanitaire. Toutefois, le plus grand mal de l'Ancienne Médina demeure toujours celui du logement. En effet, on ne peut pas parler de «M'dina Kdima» sans évoquer la fragilité et la détérioration de ses habitations. Dans ce cadre, l'Agence urbaine a appelé à la protection et à la conservation de ce patrimoine architectural afin de lui restituer son rôle culturel et social d'antan. Pour ce faire, l'AUC propose de procéder à une réhabilitation progressive qui aura pour effet de dédensifier la médina et de remettre en état ses immeubles. Une démarche qui ne sera pas facile d'autant que les habitations de la région datent du début du 19e siècle et sont en très mauvais état. Elles sont en général des maisons taudifiées, insalubres, à patio rare et les cours sont exiguës ou inexistantes. Mis à part les logements, l'Agence a recensé plusieurs patrimoines à sauvegarder tel que les mausolées et églises de la place, la synagogue, Jamaa el Kebir, Bab Marrakech, Bab el Kedim, Sqala… Les ruelles de l'Ancienne Médina sont aussi à revoir, d'autant que cette dernière ne présente pas de véritables places, mais des esquisses de placettes et de nombreuses impasses très étroites. Selon le diagnostic de l'AUC, la voirie est aussi en mauvais état, généralement revêtue de gros pavés érodés, disjoints et glissants. «Les câbles électriques apparents contribuent au caractère délabré du bâti existant», indique le rapport de l'agence urbaine. L'étude de réhabilitation de l'AUC porte ainsi sur l'identification des éléments à valeur architecturale, l'aménagement des accès et du réseau de voirie, la restauration des réseaux d'infrastructure, l'insertion des équipements socio-éducatifs, sanitaires et culturels, ainsi que la réorganisation des activités économiques.L'Agence urbaine a aussi proposé de valoriser le centre de la ville avec un circuit qui prend son origine de la place Bousmara en passant par plusieurs sites et places, notamment place Sidi Fatah, le bastion de la Sqala, place Hmed al Bidaoui, pour arriver au célèbre jardin Zerktouni. Cette initiative permettrait de sauvegarder les monuments historiques à valeur esthétique affirmée, de conserver les porches classés, revaloriser les espaces publics, mais aussi d'aérer le tissu urbain en supprimant certains immeubles en ruine.--------------------------------------------------------------
Restructuration commercialeL'ancienne médina dispose d'une base économique relativement importante, composée essentiellement de 7076 locaux à usage professionnel, de petites unités artisanales spécialisées en plus des marchands ambulants. Les activités au sein de la médina sont marquées par une prédominance des activités commerciales et de service mais aussi par un déséquilibre de répartition. Selon le recensement de la Chambre de commerce, d'industrie et de services de Casablanca (CCISC), le périmètre de l'ancienne médina compte 3.000 commerçants et plus de 8.000 ouvriers. Le projet d'intégration de ces commerçants, présenté par le CCISC, Rawaj 2008-2012, prévoit la création de réseaux commerciaux, la modernisation du commerce de proximité et le réaménagement des façades commerciales.
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