PARIS - L'Union pour la Méditerranée (UPM) a tenu jeudi à Paris sa première réunion ministérielle depuis l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, qui a donné un coup d'arrêt à sa construction politique début 2009.
Trente cinq des 43 pays membres de l'UPM, lancée en grande pompe le 13 juillet 2008 à l'initiative du président français Nicolas Sarkozy, ont participé à cette réunion consacrée à des projets dans le domaine du développement durable.
Le ministre israélien de la Protection de l'Environnement Gilad Erdan et le ministre palestinien de l'Economie Bassem Khouri se sont retrouvés dans la même pièce, avec les autres représentants des pays participants, dont le ministre algérien de l'Aménagement du territoire, Cherif Rahmani.
"Depuis des mois, l'UPM a, dans sa dimension politique, des difficultés liées à la tragédie de Gaza et il est vrai qu'il était difficile pour tout le monde de concevoir une réunion de ce genre à un niveau politique élevé. Personne n'aurait parié sur nos chances d'y parvenir", a dit Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, lors d'une conférence de presse.
"On a pu remettre tout le monde autour de la table", a ajouté celui qui est aussi chef de la mission interministérielle de l'UPM, après avoir été un des plus ardents défenseurs de cette initiative en 2008. "C'est un miracle de l'UPM de plus."
Un miracle salué par le ministre égyptien du Commerce et de l'Industrie, Rachid Mohamed Rachid, coprésident de la réunion de jeudi avec le ministre français de l'Ecologie Jean-Louis Borloo.
Cette réunion a notamment acté les premiers projets d'un "plan solaire méditerranéen", dont la construction au Maroc d'une centrale photovoltaïque qui exportera une partie de sa production d'électricité vers l'Europe.
La Banque européenne d'investissement (BEI) évalue à 200 milliards d'euros sur 20 ans les besoins de financement de l'UPM dans le domaine du développement durable.
Au total, les bailleurs de fonds (BEI, Agence française du développement, KfW, Banque mondiale, Fonds pour l'environnement mondial, Banque africaine de développement, EFG Hermes, la Caisse française des dépôts et consignations, Sumitomo Mitsui Banking Corporation, Siparex, Banque de développement du Conseil de l'Europe ...) se sont engagés sur près de 23 milliards d'euros, selon une note de synthèse distribuée à la presse.
UNE RELANCE DE L'UPM PAR LES PROJETS ?
La BEI, l'Agence française du développement (AFD) et le groupe bancaire allemand KfW ont ainsi annoncé jeudi cinq milliards d'euros de prêts pour le seul financement du plan solaire, un des projets pilote de l'UPM.
Les participants ont également acté, parmi d'autres projets, l'extension d'une station d'épuration du Caire pour traiter les eaux usés de deux millions de personnes.
Ils ont par ailleurs approuvé l'idée d'un vaste projet d'adduction et de traitement de l'eau dans la bande de Gaza, où des représentants de l'UPM iront dans les semaines à venir.
"Pendant que le processus politique était un peu stoppé, la dynamique des projets a continué", a souligné Jean-Louis Borloo. "On a pu étudier 200 projets. Une quarantaine devraient pouvoir être adoptés à la prochaine réunion ou à celle d'après."
"On peut parler de relance de l'UPM par le concret, par les projets", a renchéri Henri Guaino.
La construction politique de l'UPM a été de facto bloquée jusqu'au 25 mai et une première réunion sur les statuts du secrétariat de l'UPM, suivie d'une deuxième le 15 juin.
Il y a également eu le 5 juin une réunion sur la coopération judiciaire dans la lutte contre la pollution, au niveau des procureurs, et une réunion des directeurs généraux de la protection civile des pays membres le 18 juin à Marseille.
"Il faut aller le plus vite possible dans l'achèvement des statuts du secrétariat et dans son installation", a souligné Henri Guaino. "Parce qu'une fois qu'on aura dépolitisé cette affaire, on aura une base plus solide."
"Le secrétariat, c'est vraiment l'urgence absolue", a ajouté le conseiller de Nicolas Sarkozy, qui a dit avoir "bon espoir" que ce serait fait d'ici la fin de l'année.
L'UPM rassemble les 27 pays de l'Union européenne et 16 autres pays du pourtour méditerranéen. Elle est censée remplacer le processus Euro-Méditerranée dit de Barcelone.
Les 43 pays membres ont conclu le 4 novembre 2008 un compromis sur la répartition des postes au sein du secrétariat, dont le siège sera installé à Barcelone, en Espagne.
Le secrétaire général viendra du Sud et sera assisté de six secrétaires généraux adjoints - un Italien, un Grec, un Maltais, un Turc, un Israélien et un Palestinien.
Emmanuel Jarry
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