Le Brésil va réduire de moitié la déforestation
La semaine dernière, le gouvernement a annoncé que la déforestation annuelle avait atteint 12 000 km. : Reuters
En brûlant moins les forêts, il serait le premier pays émergent à s'imposer des objectifs chiffrés pour réduire les émissions de CO2.
C'est une spectaculaire virevolte que vient d'effectuer le Brésil sur la question environnementale. Alors que la majorité des pays développés ¯ États-Unis exceptés ¯ s'étaient engagés, en 1990, à Kyoto, à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, les pays émergents s'y sont toujours refusés. La Chine, l'Inde et le Brésil, notamment, arguaient que cet effort devait être financé par les pays riches qui avaient pu construire leur puissance économique sans contrainte extérieure.
En pleine crise financière mondiale, et alors que les 180 pays sont réunis à Poznan, en Pologne, pour réfléchir à l'après-Kyoto, Brasilia a créé la surprise en devenant le premier pays en voie de développement à s'imposer des normes internes de réduction des émissions. En pratique, cela revient surtout à s'engager pour la première fois à une diminution de la déforestation de l'Amazonie.
L'abattage des arbres et les feux conséquents sont à l'origine de 75 % des émissions brésiliennes. Le Brésil a annoncé qu'il comptait ramener à 5 000 km2, en 2018, la superficie de forêt amazonienne défrichée annuellement, soit la moitié environ du rythme actuel. Cela signifie une réduction de 4,8 milliards de tonnes d'émissions de dioxyde de carbone.
Un appel à l'aide extérieure
La tâche ne sera pas simple. La semaine dernière, le gouvernement a annoncé que la déforestation annuelle avait atteint 12 000 km2, une hausse de 3,8 % par rapport à 2007, la première des quatre dernières années. Cela reste cependant beaucoup moins inquiétant que les 27 400 km2 enregistrés en 2004.
Brasilia a aussi annoncé une campagne de reforestation ambitieuse, laissant à entendre que l'aide extérieure serait la bienvenue pour la financer. Elle sera canalisée à travers le Fonds Amazonie, récemment créé. Première donatrice, la Norvège a promis d'y verser un milliard de dollars.
« Nous pouvons déclarer haut et fort que notre plan est meilleur que ceux de la Chine et de l'Inde », s'est félicité le président Lula. Ce discours montre à quel point le Brésil est soucieux de devenir une voix écoutée, sur le chapitre environnemental. Cette posture lui donnerait d'autant plus de crédibilité pour vanter les mérites, parfois discutés, des biocombustibles, secteur sur lequel il est désormais leader mondial.
Lamia OUALALOU.
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