Monday, August 09, 2010
Chine matière d’environnement.
Chine : le gouvernement va fermer plus de 2000 usines
Le 09 août 2010 par Yann Le Houelleur
Le ministère de l’Industrie s’en prend aux sites de production jugés inefficaces en raison de leur consommation d’énergie excessive ou encore de leurs nuisances en matière d’environnement. Ces mesures coercitives semblent marquer un tournant dans l’histoire de la Chine : la volonté de promouvoir une croissance du PIB qualitative et non plus seulement quantitative.
A Pékin, le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information n’aura pas pris de gants pour annoncer le 9 août 2010 cette retentissante nouvelle : 2087 usines dans toute la Chine sont priées de fermer leurs portes d’ici à la fin septembre. Une épée de Damoclès est suspendue au-dessus des entreprises et investisseurs auxquels appartiennent ces sites de production jugés obsolètes: si ces derniers ne se plient pas aux strictes consignes édictées par les autorités, ils feront l’objet des pires tracasseries administratives telles que restriction de crédit ou retrait des licences de fonctionnement.
18 secteurs concernés
Citant l’agence de presse officielle Xinhua (considérée comme la plus grande entreprise de propagande au monde), plusieurs sites d’information chinois citent le chiffre de dix-huit secteurs concernés par ces mesures coercitives, aussi bien dans l’extraction minière que dans l’industrie de transformation. Parmi ces secteurs : le fer, l’acier, le charbon, l’aluminium, le zinc, le ciment, la cellulose, le verre, les acides citriques, les fibres chimiques, etc.
Au premier rang des entreprises dans le collimateur du gouvernement : Liuzhou Iron & Steel Co. Ltd . Ce consortium avait produit en 2008 quelque six millions de mètres cubes d’acier, 3,75 millions de m3 de produits divers en acier tout comme 5,54 de m3 de métaux ferreux.
VAGUE DE Concentrations dans l’acier
Le gouvernement chinois avait déjà montré les dents en juin dernier, quand il avait dévoilé un plan destiné à rationnaliser le secteur de la sidérurgie. Il s’agit de concentrer 60 % de la production d’acier dans les mains d’une dizaine d’usines. D’ici la fin 2011, les dirigeants chinois ne donneront plus leur feu vert à des projets d’aciérie visant à accroître la capacité de production.
A la même époque, Pékin avait fait part de sa volonté de fermer les mines de charbon de petite et moyennes envergure dont la production est inférieure à 1,2 million de tonnes annuelles.
"CHANGER LE MODE DE CROISSANCE"
Le tour de vis annoncé par le ministère de l’Industrie marque un tournant dans l’histoire de la Chine moderne car elle traduit la volonté de Pékin de «changer le mode de croissance, à en améliorer la qualité et l’efficacité, et à restructurer l’économie». Ces explications émanent du ministère. Curieusement, de telles imprécations contre les industriels inefficaces et pollueurs était mises à exécution le jour-même où un économiste renommé en Chine, Zhang Yutai affirmait que cette année le PIB de son pays enflerait de 10 à 11 %. Le gouvernement chinois avait fait étant quelques jours plus tôt d’une croissance ce 9 à 10 %.
Sans doute l’interprétation la plus plausible qu’il convient de faire de la situation actuelle est-elle la suivante : plutôt qu’une croissance à tout prix correspondant à une fuite en avant, par certains côtés incontrôlable, le gouvernement préfère une montée en force qualitative de l’industrie, quitte à effrayer certains investisseurs. «Les entreprises qui polluent l’environnement, gaspillent l’énergie et font peser des risques sur la sécurité incarnent le côté le plus affreux de la croissance économique fondée sur la quantité», a laissé entendre le ministre de l’Industrie, Li Yizhong.
Effectivement, améliorer l’efficacité énergétique de la Chine et limiter les impacts sur l'environnement d’une accélération effrénée de l’industrialisation est devenu pour Pékin, une double priorité que renforcent certains chiffres inquiétants publiés ces derniers mois.
Efficacité énergétique
Toujours selon Xinhua, la consommation d’énergie par unité du PIB en Chine a augmenté de 0,09 % pendant le premier semestre 2010, par rapport à la même période l’année précédente. Or, la Chine s’est assignée des objectifs très contraignants en matière d’efficacité énergétique : moins 20 % entre 2005 et 2010.
L’agence de presse fait part d’une situation très contrastée. Pendant le premier semestre écoulé, certaines industries sont parvenues à réduire leur consommation d’électricité, notamment les matériaux de construction et la chimie. Par contre, l’industrie des métaux ferreux (très concernée par les mesures annoncées le 9 août) et la pétrochimie ont témoigné un appétit d’orge en matière d’énergie.
En ce qui concerne l’environnement, la Chine vit une sorte d’apocalypse, à en croire des décideurs politiques qui n’ont pas manqué de tirer la sonnette d’alarme ces derniers temps. Le Quotidien du Peuple a relevé que «la reprise économique est en partie responsable de la chute de la qualité de l’air lors de la première moitié de 2010». Pour la première fois depuis 2005, 113 grandes villes soumises à une étroite surveillance des pouvoirs publics ont souffert d’une dégradation de la qualité de l’air et d’une aggravation de la concentration en particules inhalables.
La situation sur le front de l’eau est encore plus catastrophique. Toujours selon le Quotidien du Peuple , «les autorités compétentes ont récemment découvert que 26,4 % des échantillons d’eau et de surface du pays étaient de niveau IV et V. » La Chine estime la qualité de l’eau en fonction de six niveaux. Le premier niveau correspond à l’eau potable alors que le cinquième désigne de l’eau trop souillée pour en faire le moindre usage.
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